Selon certains de nos dirigeants, pour la plupart issus de l’ENA, il n’y aurait plus de culture française, ni d’histoire de France et encore moins d’art français (Emmanuel Macron). Nos élites financières devenues nos nouvelles élites politiques ne possèdent aucune conscience nationale : ils ne jurent plus que par le dieu Marché. Tous fantasment une France sans frontière qui se fondrait comme par magie dans le grand tout de la mondialisation et rêvent de passer à un monde où chaque individu de la planète deviendrait responsable de l’avenir de la France. Ils exigent la rupture avec notre héritage et rêvent d’une société pluriethnique tout en rejetant une identité nationale solide et structurée. Ils n’ont plus qu’un but effacer le concept de nation…
Des écoles comme Sciences-Po Paris sont devenues des « école du marché », selon les propres termes de Richard Descoings, l’homme qui a entièrement reformaté cette institution. En 2011, l’épreuve de culture générale a même été supprimée par ce même Richard Descoings.
La victoire du marché se mesure également par le fait qu’il y a de plus en plus d’élèves d’écoles de commerce, notamment de HEC, qui entrent à l’ENA, ces étudiants sans culture générale, depuis qu’elle a été « recadrée » autour de l’action publique. Une façon de lutter soi-disant contre le caractère socialement discriminant de la culture générale. L’ENA forme des technocrates qui appliquent strictement la perspective technique de la mise en coupe de l’humanité qui est en cours d’une façon absolument mondialiste. Bloqués sur leurs certitudes, les énarques savent parler de tout sur tout mais creusez en profondeur et vous apercevrez qu’ils ne savent rien sur rien Tout ce petit monde jurant, la main sur la poitrine, que depuis sa plus tendre enfance, il rêve de servir la France. En vérité, les conséquences sont dramatiques…
L’École nationale d’administration, l’ENA, fondée le 9 octobre 1945, est devenue un système d’allégeances opaque, de carrières balisées, de conformisme social et politique, travesti en sens de l’État. Il faut savoir que l’ENA a été préparée puis organisée par Maurice Thorez, vice-président du Conseil et Secrétaire général du Parti communiste français. Cette École qui fait rêver tant d’étudiants a fourni l’essentiel des hauts cadres de l’administration française : ministres, PDG et présidents français, mais en réalité, elle cumule les incompétences et les gaspillages. Ce n’est donc pas par hasard que l’ENA ne développe pas le sens de l’imagination, du commandement, de la pédagogie, mais l’incohérence des décisions, la déresponsabilisation et l’autocélébration. Les récents événements et scandales survenus dans notre pléthorique personnel administratif et politique – de Radio France (Mathieu Gallet) et de l’INA (Agnès Saal) à Sciences-Po Paris, en passant désormais par la place Vendôme – sont suffisamment significatifs. Il ne s’agit plus de servir l’État mais avant tout de « se servir dans les caisses de l’État… » Et, comme en France, dans les hautes sphères, on garde toujours les mêmes, qui sont tous amis puisque, appartenant à la même promotion de l’ENA, tous occupent de hautes responsabilités.
Le président François Hollande est issu de la « promotion Voltaire » en 1980, celle-ci forme aujourd’hui un puissant cercle d’amis : la ministre de l’Environnement Ségolène Royale est elle-même issue de cette promotion Voltaire, le ministre des Finances Michel Sapin également, l’ami et conseiller du président, Jean-Pierre Jouyet secrétaire général de l’Élysée, son successeur, Pierre-René Lemas aussi… En conséquence nous souffrons d’une vie politique qui tourne prioritairement autour de la seule question de la conquête du pouvoir et de sa conservation par une classe politique issue d’un même milieu et perpétuellement en campagne électorale. Tous sont atteints de la maladie la bien-pensance angéliste. Ils considèrent que les discours de haine et les actes criminels ne sont que les symptômes des conditions économiques et sociales, des discriminations, de la domination des pays riches sur les pays pauvres. En somme, le terrorisme ne serait qu’un combat de « sans-dents » contre les bobos, entretenant par là un terrifiant racisme social. Ils partagent l’idéal européiste et sont persuadés que la France est une affaire dépassée. Par exemple, Pierre Moscovici – ENA promotion Louise Michel 1982 (le choix de ce nom est à lui seul significatif…), est persuadé – toute son action le démontre –, que la nation française a disparu, que nous sommes devenus une région de la grande nébuleuse libérale et atlantisée. Jean Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti Socialiste affirme au micro de Radio J, ignorer ce qu’est l’identité française et lui préférer l’identité républicaine… : « Je ne sais pas ce qu’est l’identité française, je connais l’identité de la République », ce qui littéralement ne veut rien dire. On s’identifie à sa culture et à son histoire, et non à un régime politique en particulier- dire cela, c’est effacer volontairement mille ans de monarchie au cours desquels les rois ont fait la France. C’est ajouter l’inculture au sectarisme. En novembre 1997 déjà, le Premier ministre de l’époque, Lionel Jospin et bien évidemment ancien énarque, interpellé à l’Assemblée nationale, avait, en digne héritier du modèle soviétique – et trotskiste -, refusait d’admettre, hors de lui, « un signe égal entre le nazisme et le communisme… » Un bel exemple d’aveuglement idéologique.
Enfin l’ex-élève de l’ENA, Emmanuel Macron déclarait-il en novembre 2015 que le djihadisme avait son terreau sur le sol français. On pouvait croire qu’il allait évoquer l’échec de la transmission à l’Ecole, le déficit de cohésion de la jeunesse qui pourrait être comblé notamment par le rétablissement du service national, et d’autres sujets en rapport avec la question du “commun”. Mais non, il avance la dérégulation économique comme une des causes du djihadisme : « Je pense que ce sont des fermetures dans notre économie, dans notre société, les pertes d’opportunité, les plafonds de verre qui sont mis, les corporatismes qui se sont construits qui à la fois se nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique » Sans oublier le couplet sur la discrimination à l’embauche et le fait que « Quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre »…
En effet la « nouvelle France » qu’ils appellent de leurs vœux ressemblerait tant à n’importe quelle nation qu’elle n’aurait plus lieu d’exister. Claude Lévi-Strauss lui-même, l’ethnologue globe-trotteur, qu’on peut difficilement suspecter de crispation identitaire, avait tiré avec lucidité la sonnette d’alarme : « Au XIXe siècle, le système de valeurs de la France représentait pour l’Europe et au-delà, un pôle d’attraction. L’assimilation des immigrés ne posait pas de problème. Il n’y en aurait pas davantage aujourd’hui si, dès l’école, notre système de valeurs apparaissait à tous aussi solide, aussi vivant que par le passé (…) Si les sociétés occidentales ne sont pas capables de conserver ou de susciter des valeurs intellectuelles et morales assez puissantes pour attirer des gens venus du dehors et pour qu’ils souhaitent les adopter, alors, sans doute, il y a sujet à s’alarmer… »
Dimitri Casali