Liberté, égalité, fraternité et endoctrinement
Voici le témoignage que m’a fait parvenir un jeune professeur d’Histoire pour m’avertir de ce qui se passait dans les ESPE, les faits sont rigoureusement exacts.
” Les faits se déroulent en avril 2019 à l’ESPE de Toulouse, l’un des premiers crées par la loi Jospin de 1989 et qui a toujours été en pointe du pédagogisme de combat.
Admissible au Capes d’histoire-géographie, je suis convoqué à un oral blanc d’épistémologie et d’historiographie, épreuve susceptible de tomber le jour du l’oral, qui se tient environ deux mois après à Châlons-en-Champagne. Épreuve pas évidente, qui consiste à plancher sur des textes d’historiens, et tout en les critiquant, à démontrer l’évolution de la pensée historique et des chercheurs en histoire quant à telles ou telles questions soulevées par lesdits textes.
Épreuve redoutée par les élèves car elle nécessite de solides connaissances épistémologiques ainsi que le maniement de concepts et une faculté à les coordonner entre eux dans une démonstration structurée. Lors du tirage au sort, je tombe alors sur un texte d’un certain Dimitri Casali, historien dont j’ai vaguement entendu le nom mais dont j’ignore à peu près tout des travaux. Mais surprise, le texte qui évoque en résumé le nécessaire retour à un récit national, reflète tout à fait ma pensée sur la question. Enthousiaste, je commence à rédiger quelques notes qui vont dans le sens du texte, tout en veillant à le critiquer quelque peu. Naïf que j’étais. Je n’avais pas encore compris que s’il arrive aux formateurs qui sévissent dans ces écoles de formatage idéologique de faire étudier des travaux d’auteurs aux antipodes de leurs discours, ce n’est pas par amour du débat d’idées ou de la rhétorique, mais pour mieux les déconstruire et les discréditer complétement aux yeux de jeunes étudiants encore influençable, par manque de formation ou par crainte d’être repérés comme déviants. Les premiers étant bien plus nombreux que les seconds.
La formatrice ESP qui me fait passer mon ESPE est plutôt sympathique, et j’ai eu des rapports jusque là très cordiaux avec elle, ce qui me met d’autant plus en confiance. Seconde erreur. Tout au long de mon exposé, je vois son visage se fermer. Une fois terminé, la curie va commencer et son ton montera tout au long de l’entretien, où je n’aurai le droit que de me taire et d’écouter. En gros, mes propos qui allaient dans le sens du retour à un récit national relevaient du “pétainisme” (terme utilisé plusieurs fois), et que si j’avais eu un texte comme cela c’était évidemment pour le démonter. Et que elle, qui connaissait bien l’évolution des manuels d’histoire à travers le temps, savait ce que ce discours nauséabond rappelait. Et moi pas évidemment. J’ai même eu l’impression qu’elle était presque sincèrement déçue qu’un étudiant puisse tenir de tels propos aujourd’hui. Une déception qui fit rapidement place à la colère. Je n’ai guère eu le temps de répondre mais j’ai compris rapidement qu’il valait mieux pour moi faire le dos rond et même profil bas. Je pris donc une mine contrite et ne dis plus rien jusqu’à la fin. Il valait mieux passer pour un niais que pour un mal-pensant. L’obtention de mon M2 et donc de mon concours pouvaient en dépendre.
Finalement, j’ai eu une mauvaise note mais qui n’a pas eu de conséquence pour mon année et mon concours, que j’ai obtenu. J’étais plutôt bon élève et apprécié dans l’ensemble par l’équipe des formateurs par mes interventions nombreuses et souvent constructives. Ils ont dû mettre ça sur le compte d’un accident.
Cet épisode heureusement sans conséquence fâcheuse demeure pour moi le symbole le plus éloquent du terrorisme intellectuel qui sévit encore dans l’université française et particulièrement dans les ESPE, repère des déconstructivistes et pédagogos en tout genre qui sont responsables de l’état de délabrement de l’enseignement et de la baisse de niveau catastrophique qui y est corrélée. Et qui ne se remettront jamais en cause. “
Voilà je pense que ce témoignage est suffisament éloquent et se passe de commentaire…
Dimitri Casali